Les exportateurs de pétrole réunis au sein de l'Opep+ ont déjoué les prévisions du marché en annonçant lors d'une réunion samedi 5 juillet une nouvelle hausse des quotas plus importante que prévu en août. « Les huit pays participants mettront en œuvre un ajustement de la production de 548 000 barils par jour en août 2025 » comparé à juillet, contre 411 000 initialement prévu par les analystes, a indiqué l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans un communiqué, évoquant « la faiblesse des stocks de pétrole. »
Les pays de l’Opep+ ont pris cette décision alors qu’ils se réunissaient pour la première fois depuis que les prix du pétrole ont bondi – puis reculé – à la suite des attaques israéliennes et américaines contre l’Iran.
Le groupe, qui pompe environ la moitié du pétrole mondial, a réduit sa production depuis 2022 pour soutenir le marché. Il a cependant fait marche arrière cette année pour regagner des parts de marché et parce que le président américain Donald Trump lui a demandé d’extraire davantage de pétrole pour contribuer à maintenir les prix du carburant à un niveau bas.
L’augmentation de la production proviendra de huit pays membres du groupe : l’Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman, l’Irak, le Kazakhstan et l’Algérie. Ces huit pays avaient commencé à réduire leur production de 2,2 millions de barils par jour (bpj) en avril.
L’augmentation du mois d’août représente un bond par rapport aux augmentations mensuelles de 411 000 bpj que l’Opep+ avait approuvées pour les mois de mai, juin et juillet, et de 138 000 bpj pour le mois d’avril. L’Opep+ a invoqué la stabilité des perspectives économiques mondiales et la bonne santé des fondamentaux du marché, notamment la faiblesse des stocks, pour justifier la mise en circulation d’une plus grande quantité de pétrole.
C’est donc un changement de stratégie de l’organisation qui depuis 2022 procédait à des restrictions de production pour tenter de garder un baril à 80 dollars. Pour Charles Thiemele, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, « l’Opep se dit toujours que si jamais les barils de l’Iran diminuent ou sortent du marché, il faut compenser tout de suite pour garder un certain équilibre. Et avec les tensions qu’il y a aujourd’hui, avec la petite guerre qu’il y a eu et la menace de fermer le détroit d’Ormuz, l’Opep va toujours se positionner pour pouvoir compenser au cas où ces barils sortent », explique-t-il à RFI.
Cette accélération intervient après que certains membres de l’Opep+, comme le Kazakhstan et l’Irak, ont dépassé leurs objectifs de production, provoquant la colère d’autres membres qui s’en tenaient à des réductions, selon certaines sources. La production kazakhe a renoué avec la croissance le mois dernier et a atteint un niveau record.
L’Opep+, qui regroupe l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, souhaite accroître sa part de marché face à l’augmentation de l’offre de producteurs rivaux comme les États-Unis, selon certaines sources.
Avec l’augmentation du mois d’août, l’Opep+ aura libéré 1,918 million de bpj depuis avril, ce qui ne laisse que 280 000 bpj à libérer de la réduction de 2,2 millions de bpj. En outre, l’Opep+ a autorisé les Émirats arabes unis à augmenter leur production de 300 000 bpj. Le groupe poursuit par ailleurs d’autres coupes s’élevant à 3,66 millions de bpj. La prochaine réunion du groupe des huit membres de l’Opep+ aura lieu le 3 août.
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2025-07-05T16:45:50Z