"ON EST JETé COMME DES OBJETS": DES SALARIéS DE BDR THERMEA DéNONCENT DES DéLOCALISATIONS D'ACTIVITéS

Environ 3.500 personnes, selon les organisations syndicales, ont défilé samedi 5 juillet dans les rues de Mertzwiller (Bas-Rhin) pour dénoncer les délocalisations d'activité du chauffagiste BDR Thermea vers la Turquie et la Slovaquie, appelant les pouvoirs publics à empêcher ce nouvel épisode de désindustrialisation.

Avec plus de manifestants que d'habitants dans la commune, le cortège, ouvert avec sifflets et fumigènes par le syndicat Force ouvrière, entendait marquer les esprits dans ce berceau historique de De Dietrich, marque emblématique du groupe BDR Thermea, issu de la fusion du français De Dietrich Thermique, du britannique Baxi et du néerlandais Remeha en 2009. Le groupe, qui emploie environ 7.000 personnes dans le monde entier, avait annoncé fin mai envisager la suppression de 370 emplois, dont 320 pour le site de Mertzwiller, spécialisé dans la fabrication de pompes à chaleur. "Ici c'est une des plus vieilles industries françaises qu'on délocaliserait, et il faudrait qu'on laisse faire sans bouger ?", a interrogé Frédéric Souillot, secrétaire général de FO. "Les salariés ont fait un tas de concessions pour la productivité, ils ont accepté de repousser des primes, de travailler le samedi, ils se sont investis complètement et à la fin on leur dit: on va quand même fermer", s'est-il indigné. Il a réclamé une intervention de l'Etat pour maintenir l'activité sur le site, et fustigé la suspension du dispositif MaPrimeRénov': "ça joue clairement sur ce type d'activité", a-t-il souligné.

"La fabrication des pompes à chaleur, on y a tous cru. C'est une trahison", a déclaré à l'AFP Fabrice Leininger, délégué FO et secrétaire du CSE. "Aujourd'hui c'est toute la filière qui est en danger de mort. Tout ça pour délocaliser sur des sites où aujourd'hui on ne fabrique rien, en Slovaquie pour les pompes à chaleur, et en Turquie pour les ballons d'eau chaude émaillés".

Plusieurs élus locaux et nationaux sont venus soutenir les salariés

Employée au service comptabilité "depuis bientôt 20 ans", Céline (elle n'a pas souhaité donner son nom) a manifesté sa "grande déception" face aux suppressions de postes. "On est jeté comme des objets, les salariés ne sont pas estimés à leur juste valeur", a-t-elle regretté. "On est dirigés par des gens qui ne veulent que des bénéfices, pour eux nous ne sommes que des numéros."

Secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, Laurent Feisthauer voudrait lui "demander des comptes sur les subventions accordées" au groupe. "Et il faut interdire ces délocalisations boursières: ce n'est pas le carnet de commandes qui est vide ou le produit qui n'intéresse plus personne, c'est notre savoir-faire qui disparaît pour des questions de dividendes aux actionnaires." De nombreux élus locaux et nationaux étaient venus soutenir les salariés, dont les députés alsaciens Théo Bernhardt (RN), Sandra Régol (Les Ecologistes) et Emmanuel Fernandes (LFI).

Le président "Macron avait promis en 2024 un million de pompes à chaleur produites en France d'ici 2027. Un an après on est seulement à 170.000 unités, ce n'est rien. Donc moi j'attends de l'État une commande publique de pompes à chaleur, et même des pompes à chaleur réversibles, alors qu'on vient de vivre une vague de chaleur exceptionnelle", a exposé Théo Bernhardt, député de la circonscription.

2025-07-05T14:21:15Z